LE FILM :
Des jeunes ont pour habitude de se retrouver dans un minibus stationné dans la cité de la Fauconnière à Gonesse. Dans ce véhicule, parfois à l’arrêt, parfois en mouvement, ils s’amusent, viennent oublier ou décharger leurs angoisses. Se trouvent mêlés l’insouciance de leur jeunesse - facette vivante et visible d’eux-mêmes - et leur regard sur un monde adulte, sur un lendemain qu’ils idéalisent, individuellement anxieux pourtant de ce qui les attend. Ils s’investissent dans l’instant présent, s’engageant physiquement dans le jeu et dans l’image que chacun construit naturellement. Avec exagération ou fausse exagération, certaines paroles vont devenir des enjeux d’action.
Leurs va-et-vient incessants entre le bus et d’autres occupations qui demeurent étrangères au spectateur, ainsi qu’un extérieur du bus perpétuellement flou à l’image procurent au hors champ son mystère. De cet extérieur, seuls figureront des moments de solitude et de questionnement, représentés par le montage d’extraits des séquences filmées lors de l’atelier de réalisation.
Qu’est-ce qui fait ici autorité ? Le réel que l’on se construit ou le réel que l’on fuit ? C’est dans le documentaire que l’on peut douter de la véracité d’un discours et dans la fiction qu’une action qui ne peut que mentir ne ment finalement pas. Les jeunes seront tels qu’ils sont dans leurs échanges et improvisations, mais l’action recherchée par le metteur en scène participera à la part fictionnelle du film.
Tout le film s’inscrit dans le minibus, cet espace fermé, restreint, qui oblige à une certaine contorsion du corps, qui provoque un désir de fuite, qui contraint la caméra à un rapport de force entre les moments posés et les accélérations mouvementées.
Loin des stéréotypes sur la banlieue, les jeunes en présence dans le film, âgés de 16 à 25 ans, certains lycéens d’autres déscolarisés, certains salariés d’autres chômeurs, révèlent une diversité culturelle, des sensibilités attachantes, une individualisation des styles. Loin d’être repliés complètement sur eux-mêmes, ils veulent participer au développement de notre société, loin d’un attachement unique à une identité territoriale, identité qu’on leur renvoie régulièrement et qui les enferme.
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