9.2.11

Appel à la mobilisation en soutien à JAFAR PANAHI et MOHAMMAD RASOULOF


En solidarité avec Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, nous invitons tous les cinéastes et membres de l’industrie cinématographique, quelles que soient leur nationalité, frontières, religions ou convictions politiques, à soutenir nos compatriotes cinéastes Iraniens, en arrêtant de travailler pendant deux heures entre 15h et 17h (heure locale) le 11 février 2011, jour du 32e anniversaire de la révolution iranienne.


Une mobilisation est prévue ce vendredi 11 février de 12h30 à 14h30 devant la Cinémathèque française (51 rue de Bercy – 75012).


Golshifteh Farahani et des personnalités françaises seront présentes pour lire le plaidoyer de Jafar Panahi.


Martin Scorsese a déclaré le 22 décembre qu’il fallait passer à l’action. Le Festival de Berlin a décidé de suivre cet appel du 11 février en organisant une journée pour Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov. A l’annonce de cet événement berlinois, le Président Ahmadinejad a fait savoir qu’il était contre la décision de justice prise à leur égard. Depuis plus rien.Les deux cinéastes peuvent être emprisonnés à tout moment.

Nous pensons qu’une mobilisation en France- pays des Droits de l’Homme et du Cinéma- est nécessaire pour interpeller les membres du pouvoir iranien et leur dire qu’en ce jour anniversaire, NOUS LES REGARDONS.Nous avons besoin que tous ceux qui font le cinéma, leurs organisations professionnelles et ceux qui s’insurgent contre ces sentences s’emparent de cette initiative et relayent ce message.

Nous appelons à un rassemblement devant la Cinémathèque française, le 11 février à 12h30.
Nous comptons sur vous pour en faire l’échos et vous joindre à cette mobilisation pour que Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov retrouvent leur liberté.



Jafar Panahi deviendra Citoyen d’honneur de la Ville de Paris sur la proposition du maire de Paris, et suite à l’initiative de Jean-François Lamour et du groupe UMPPA.


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Lettre à M. Ahmadinejad

En 1979, il y a eu une Révolution. Sa commémoration, le trente-deuxième anniversaire de notre révolution iranienne, se tiendra le 11 février 2011. Je vous rappelle ces faits car j’ai l’impression que vous en avez oublié les causes. Je me trompe peut-être, ou peut-être devriez-vous vous expliquer. Vous avez peut-être votre propre définition de notre révolution… Dans ce cas, je pense que vous devriez répondre à la question: “Pourquoi avons-nous eu une révolution en 1979?”

Le temps est également venu de clarifier vos raisons pour l’éviction des cinéastes. Vos raisons pour vouloir sacrifier une vie, une carrière, au nom de la Révolution, ou peut-être ma question n’est-elle pas la bonne : ne s’agit-il pas tout simplement de votre réélection ?

Jafar Panahi, l’un de nos plus importants cinéastes, un ami proche pour lequel j’ai grand respect et admiration, est actuellement emprisonné, par votre gouvernement, par votre loi. Il est condamné à six ans pour avoir voulu faire un film, un film qu’il n’a même pas réalisé. Six ans de prison pour en avoir eu l’idée. A cela s’ajoutent vingt ans d’interdiction d’exercer son métier et
vingt ans d’interdiction de sortie de territoire. Mohammad Rasoulof, un autre jeune cinéaste important, se trouve également condamné aux mêmes peines. Son crime : avoir travaillé avec Jafar Panahi.

Ils sont tous deux punis de s’être intéressés à leurs compatriotes. Punis d’avoir voulu comprendre les événements de juin 2009. Punis de s’être préoccupés des vies perdues dans les conflits issus des élections.Dois-je vous rappeler que les candidatures étaient validées par le régime ? Les choix étaient clairs et parfaitement légaux. Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof ont pris leur décision aux côtés de la majorité de notre industrie cinématographique. C’est devenu le Mouvement Vert. C’est un droit qui nous avait été donné.

- Y-a-t-il un problème à vouloir comprendre pourquoi des gens sont morts lors de nos dernières élections?
- Pensez-vous que le pays ignore les violences provoquées par les résultats de ces élections ?
- Est-ce un crime que Jafar Panahi veuille faire un autre film ?
- Est-ce un crime que Mohammad Rasoulof veuille questionner la réalité ?
- Est-ce parce que les cinéastes veulent tendre un miroir pour questionner la société ?
- Avez-vous peur d’un point de vue qui contredirait le vôtre ?
Dans ce cas, répondez à la question: “Pourquoi avons-nous eu une révolution?”

Rafi Pitts
Paris, le 24 Décembre 2010.


1 commentaire:

  1. Une centaine de personnes (réalisateurs, acteurs, producteurs et autres professionnels du cinéma) s'est réunie ce vendredi 11 février entre 12h30 et 14h devant la Cinémathèque Française.

    A deux voix, Golshifteh Farahani et Aïssa Maïga ont lu en Persan et en Français la lettre adressée au Festival de Berlin par Jafar Panahi.



    Les portraits des deux hommes ont été brandis par l'assemblée dont Léa Drucker, Laurent Tuel, Solveig Anspach, Bertrand Bonello, Richard Copans, Denis Gheerbrant, Elise Girard, Pierre Gras, André S. Labarthe, Aïssa Maïga, Valérie Mréjen, Alain Riou, Claire Simon, Jean-Pierre Thorn, Luce Vigo, etc.

    Cette initiative a également été soutenue par nombre de personnalités françaises dont Mathieu Amalric, Danielle Anezin, Jean-Michel Arnold, Renato Berta, Claudine Bories, Nicole Brenez, Valérie Cadet, Patrice Chagnard, Lolita Chammah, Arnaud des Pallières, Annie Ernaux, Romain Goupil, Cédric Kahn, Nicolas Klotz, Jean-Christophe Klotz, Tonie Marshall, Marc’O, Chiara Mastroianni, Annie Maurette, Bulle Ogier, Thomas Ordonneau, Elisabeth Perceval, Nicolas Philibert, Elie Poicard, Michelange Quay, Marie-Christine Quetesberg, Philippe Ramos, Marie-Claude Treilhou, Agnes Varda, etc.

    Le 11 février, date symbolique et historique pour l'Iran, correspond au 32è anniversaire de la Révolution.

    En écho à Martin Scorsese qui a déclaré le 22 décembre qu’il fallait passer à l’action, Rafi Pitts – cinéaste iranien vivant en France, proche de Panahi et Rasoulov – a appelé à un arrêt de travail de l’industrie cinématographique partout dans le monde, le 11 février entre 12H30 et 14H30 (heure de Paris).


    Le Festival de Berlin a décidé de suivre cet appel du 11 février en organisant une journée pour Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov.

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